Ce texte a été bien écrit bien avant la pandémie que nous vivons actuellement, tout ce qui est écrit purement imaginaire.
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Phase Une
Le soleil qui passe entre les fentes des volets
éclaire la chambre. Elle fut le théâtre d'une longue joute amoureuse et les
deux corps nus, enlacés, dorment encore. Dans la cuisine, le chat s'étire. Il
attend que sa maîtresse qu'il a entendue gémir toute la nuit se lève pour lui
donner sa pâté du matin. Au-dehors, les oiseaux gazouillent, ils chantent en
hommage à l'astre du jour qui les réchauffe après la nuit printanière encore
fraîche, où peut-être, chantent-ils pour appeler un partenaire.
Tout respire le calme et la sérénité, rien ne laissait
présager le drame qui allait se dérouler dans quelques minutes.
Tout avait commencé quelques semaines plus tôt dans un
laboratoire d'un centre de recherche sur les maladies infectieuses. Sacha
travaillait sur ce virus depuis des années. Ce jour-là, il avait prévu de
regarder l'effet qu'aurait ce virus au génome modifié sur les cellules. Avec
ses collaborateurs, ils espéraient en faire un moyen de lutte contre un
parasite qui infectait le blé. Le seul moyen de lutte était de brûler les
champs contaminés. Ce parasite n'avait aucun prédateur naturel. Il était apparu
d'un coup. En quelques mois, certains pays avaient la moitié de leurs champs de
blé contaminé. Les moissons avaient été catastrophiques et la situation
économique et sociale devenait de plus en plus instable.
Ce parasite représentait ce que tous les scientifiques
redoutaient depuis des années, aucun prédateur connu et surtout une résistance
incroyable aux pesticides que les agriculteurs pouvaient déverser dans leurs
champs. Dès sa découverte, Sacha et son équipe avaient commencé à travailler
sur un moyen de lutte biologique contre lui.
Après de nombreux mois d'efforts, ils avaient réussi à
identifier un point de faiblesse. Pour cela, il fallait réussir à modifier un
virus anodin en tueur de parasites. La chance avait joué en leur faveur en leur
présentant ce virus qui ne contaminait pas les vertébrés terrestres, mais qui
était mortel pour ce parasite.
Ils avaient modifié une de ses protéines de surface
pour qu'elle ne soit reconnue que par un des récepteurs du système nerveux
rudimentaire de ce minuscule ver.
En cette fin d'après-midi là, il se préparait à
déposer une préparation du virus modifié sur des cellules mimant le ver.
Comme d'habitude, il respectait les consignes de
sécurité applicable pour ce genre de manipulations qui ne présentent
apparemment aucun risque pour lui ou ses collègues.
De ses mains gantées, il ouvrit avec précaution le
flacon contenant la précieuse solution. Il se préparait à en mettre quelques
gouttes sur les cellules. C'était un geste si simple, répété des milliers de
fois depuis qu'il avait commencé sa carrière que lorsque Fabrizio, son jeune
collègue lui posa une question, il n'hésita pas à tourner le regard pour lui
répondre. Il sentit alors une goutte lui tomber sur peau, juste entre sa blouse
et le gant, sur la griffure de ronce faite la veille dans son jardin.
— Mince, pensa-t-il.
Il finit de déposer le mélange et essuya la goutte
avec un papier absorbant qu'il jeta.
Ce fut pendant les quelques secondes entre le moment
où la goutte tomba sur sa peau, et l'instant où il l'essuya, que le drame se
joua.
Rapidement, le virus trouva les cellules nerveuses qui
irradiaient partout dans le corps. Il y pénétra et il fut ainsi à l'abri du système
immunitaire de son hôte.
Quelques heures plus tard, alors que Sacha dînait avec
son épouse, les particules virales arrivèrent à son cerveau.
— Excuse-moi chérie, je
me sens pas bien… J'ai mal au crâne et j'ai des vertiges… Je vais me coucher.
— Oui, je vois, tu as les
yeux rouges et gonflés…
— Oui ! Sûrement un début
de grippe…
— Va te coucher! je
finirai de ranger…
— Merci ma chérie…
Sacha embrassa Clarisse et il partit se coucher. Il
eut des frissons toute la nuit et il se réveil à énergie nage au petit matin.
La fièvre n'était pas retombée. Quand il essaya de se lever, il fut pris de
vertiges et sa femme n'eut pas à insister longuement pour lui dire de rester
alité.
Lentement, le virus muté envahissait son système
nerveux et se propageant à d'autres organes en voyageant par les neurones.
Complètement invisible pour le système immunitaire, il se nicha dans autre
organe de Sacha, il infectait maintenant son appareil reproducteur et se
multipliait.
La fièvre dura quelques jours et l'organisme de Sacha
trouva un équilibre avec cet hôte indésirable.
Quand il retourna à son laboratoire, son assistant
l'accueillit excité.
— Sacha ! La manip a
marché ! Les cellules que tu as infectées avec le virus muté sont mortes, et
comme prévu, il n'a pas infecté les cellules des autres espèces… Nous allons pouvoir
tester sur les parasites…
Cette nouvelle Donna le sourire à Sacha, ils allaient
peut-être enfin pouvoir combattre cette maladie qui menaçait une des sources de
nourriture les plus importantes de l'humanité.
— Montre-moi les
résultats.
Aussi excité que Denis, Sacha parcourut les données de
chiffres et les images qui défilaient sous ses yeux. À aucun moment, il ne
remarqua la petite déviation sur la séquence du génome du virus qu'ils avaient
déposé sur les cellules. Cette petite différence qui va avoir de sérieuses conséquences
sur l'espèce humaine.
Ils programmèrent ensemble d'infecter des parasites.
Au cours des jours suivants, ils produisirent un aérosol pour pulvériser sur du
blé infecté.
Sacha fit jurer le secret à ses assistants tant qu'ils
ne seraient pas certains des résultats.
Si la préparation d'une solution de virus pour
infecter les cellules s'était déroulée sans problème, la fabrication de l'aérosol fut un peu plus
complexe. Elisa, une étudiante, eu la charge de remplir les flacons d'aérosols,
elle se retrouva infectée.
Comme pour Sacha, elle fut prise de vertiges et de
fièvre le premier soir. Cependant, son état empira rapidement et la veille du
jour ou l'essai sur le blé était prévu, elle tomba dans le coma. Chez elle,
après avoir envahi son système nerveux, le virus se propage dans ses poumons.
Sans le savoir, à chaque respiration, elle répandait le virus autour d'elle.
Ce même soir, Sacha fêtait sa presque réussite avec
Clarisse. Comme ils le faisaient depuis leur rencontre, pour fêter un évènement
heureux, ils dînaient dans ce petit restaurant en lisière de forêt et
généralement, ils finissaient la soirée en fusionnant leurs corps et leur
plaisir. Le virus profite de cette occasion pour envahir la grotte chaude et
humide de Clarisse. Sans difficulté, il recouvre cette fine paroi douce dont
les cellules l'accueillent sans résister. Avide, il se précipite sur l'ensemble
des nerfs qui rendent cette région si sensible.
Phase Deux
Dans la cuisine, le chat miaule. Il ne comprend pas
pourquoi sa maîtresse ne se lève pas. Elle est toujours là première debout. Il
vient derrière la porte de la chambre de ses maîtres et commence à
gratter tout en miaulant. Il est enfin arrivé à son but. Il entend bouger.
— Attends, je vais te
chercher un cachet… J'ai dû te refiler ma crève de l'autre jour…
— Oui, sûrement… Pense à
donner à manger au chat aussi…
— Oui bien sûr… Allez,
Monsieur Chat ! Suis-moi !
Un peu surpris de voir son maître sortir le premier,
Monsieur Chat le suit dans la cuisine et saute sur le plan de travail où on lui
prépare sa gamelle. Il ressent une anomalie dans la chambre, une odeur
inhabituelle. Il avait senti la même quand son maître avait été malade.
— Tiens ! Le Chat ! lui dit-il en tendant la gamelle vers l'animal. Je dois
m'occuper de ta maîtresse.
Sacha prépare le café de Clarisse et le lui dépose à
côté d'elle avec les comprimés d'aspirine.
— Monsieur Chat est
perturbé ce matin, dit Sacha.
— Le pauvre ! Il n'a pas
eu son câlin du matin… Laisse la porte ouverte quand tu iras sous la douche, il
viendra se faire caresser sur le lit.
Sacha ne contrarie pas sa femme même s'il n'aime pas
que le chat entre dans la chambre. S'il avait pu savoir à cet instant, les
conséquences de son geste, il aurait empêché Monsieur Chat de sauter sur le
lit.
Dès qu'il entend la douche, Monsieur Chat entre à pas
de velours dans la chambre. Il devine sa maîtresse allongée sous la couette. Il
saute sur le lit et aussitôt son odorat est saturé par cette odeur étrange. Il
s'approche et il se met à ronronner quand la douce main féminine le caresse. Il
se love dans le creux du cou et il lèche la peau couverte de sueur de sa
maîtresse.
Aussitôt, le virus qui était présent dans la sueur de
la femme infectée pendant sa nuit d'amour découvre un nouvel organisme pour se
multiplier. De la sueur de la femme, il passe dans la salive du chat.
Bien au chaud, contre sa maîtresse, Monsieur Chat
s'endort. Clarisse sent le ronronnement qui la détend. Elle finit par
s'endormir à son tour.
Au milieu de la matinée, attiré par un miaulement,
Monsieur Chat quitte la douceur du lit de sa maîtresse endormie pour sortir. Il
se sent faible, mais l'appel de la chatte voisine est irrésistible.
Il se dirige vers le bosquet où il sait qu'elle se
trouve. Après une parade, quelques miaulements et des lèches sur le pelage pour
montrer qu'il est celui avec lequel elle doit s'accoupler, les deux félins
s'unissent.
Fatigué par cet effort alors que le virus envahit
lentement son corps Monsieur Chat se traîne vers la sécurité de sa maison
tandis que sa partenaire, encore excitée par ses chaleurs, appelle d'autres
mâles. Le virus continue de se répandre insidieusement dans population féline
du quartier.
Pendant ce temps à l'autre bout de la ville, alertés
par le compagnon d'Elisa, les pompiers emportent avec précaution la jeune femme
inconsciente aux urgences de l'hôpital. Elisa n'a pas prévenu Adrien de son
état fébrile, il informe simplement les secours que la veille, ils avaient passé
la soirée à boire quelques verres d'alcool accompagnés de produits stupéfiants.
Le médecin qui se penche sur la malade ignore que l'air qu'Elisa expire est chargé de particules virales.
Dans le véhicule qui la transporte, l'atmosphère est
rapidement remplie de virus. Les trois jeunes pompiers, à leur tour, respirent
l'air contaminé.
Dans la chambre de Clarisse, les premiers moustiques
de la saison sont attirés par les senteurs émises par la femme endormie. À son
réveil, elle découvre ces piqûres agaçantes. Elle se sent mieux, mais elle
réalise que son esprit est embrumé. Elle se souvient du départ de Sacha pour
son travail et de Monsieur Chat qui ronronnant contre elle. Elle regarde le
livre qui se trouve à côté d'elle, mais quand elle le prend, les mots lui
apparaissent comme une suite de lettres incompréhensibles. Elle met cela sur le
compte de sa fatigue et de sa fièvre. Elle se lève car elle a faim, elle
attrape une pomme dans la corbeille de fruits. Elle ne se sent pas capable de
se faire chauffer un café et surtout, la tâche lui semble insurmontable.
Rassasiée, elle s'installe dans le canapé où Monsieur Chat vient la rejoindre,
tout content de reprendre des forces auprès de sa maîtresse.
À l'école voisine, une maîtresse écrase d'un geste
rageur un moustique qui vient de la piquer après avoir aussi piqué quelques
enfants dans la cour.
Le chauffeur d'un bus se bat lui aussi avec un insecte
qui lui tourne autour, depuis qu'il a pris des passagers à l'arrêt proche de la
maison de Sacha et Clarisse.
Dans ce même bus, une hôtesse de l'air en partance
pour un autre continent, frotte une piqûre récente.
Phase Trois
Pendant la journée, Sacha est satisfait de son
travail. Ils ont pu diffuser le virus sur les plans expérimentaux et ils
espèrent voir les résultats dans les prochains jours. Il est un peu étonné de
ne pas avoir de réponse de Clarisse quand il l'appelle au téléphone. Elle doit
se reposer pense-t-il.
— Au fait, lui dit
Fabrizio, j'ai fait de la fièvre ce week-end, tu as dû partager ta crève avec
moi…
— Ce matin, c'est
Clarisse qui avait de la fièvre et… toujours pas de nouvelle d'Elisa ?
— Non, hier, elle se
sentait encore fiévreuse…
— Si demain elle n'est
pas là, je l'appellerai… En tout cas, les premiers résultats sur les cellules
sont impressionnants. La mutation agit exactement comme nous l'avions envisagé,
les cellules ralentissent et meurent lentement. J'ai hâte de voir comment le parasite
va réagir…
— On devrait le savoir
rapidement, le virus infecte le système nerveux. Sur les parasites seuls, ils
commençaient à réagir après deux heures…
— Oui, les vers
devenaient immobiles et mourraient quelques heures plus tard, mais sur les
blés, on ignore comment ils vont réagir.
Du fait de l'état de Clarisse, Sacha ne traîne pas et
demande à Fabrizio de l'appeler dans la soirée pour l'informer des premiers
résultats des tests.
En arrivant chez lui, il est surpris de constater
l'apathie de sa femme. Installée sur le canapé, elle ne lit pas et la
télévision n'est pas allumée. Et elle ne s’est pas habillée.
— Chérie comment vas-tu
?
Elle lève les yeux vers lui sans avoir l'air de le
reconnaître.
— Chérie, tu vas bien ?
Il s'approche d'elle, elle le regarde et lui sourit
sans dire un mot. Il lui tend la main. Elle attrape cette main tendue et se
lève. Elle frissonne quand il la serre contre lui pour l'embrasser et elle pose
sa tête sur son épaule toujours sans parler.
— Qu'est-ce qu'il t'arrive…
Clarisse ne répond toujours pas. Inquiet de tant de
mutisme, Sacha la fait se rasseoir sur le canapé et appelle leur médecin.
— Docteur Vonier,
pourriez-vous passer rapidement, ma femme a un comportement étrange…
— Comment cela ?
— Elle avait de la fièvre
ce matin quand je suis parti travailler et en rentrant, je l'ai découverte
complètement apathique, muette… J'ai l'impression de voir un zombie…
— J'ai encore quelques
consultations et je passe vous voir… Laissez-moi une heure.
— Oui ! je vous attends.
Sacha allume la télévision et il peut voir le regard
de Clarisse suivre ce qui se passe sur l'écran sans manifester la moindre
émotion. Elle a juste un mouvement de recul au moment où un des personnages sur
l'écran fait une chute violente.
Troublé et inquiet, Sacha prépare le repas, il fait
quelque chose de simple et apporte un plateau de mets à grignoter devant la
télévision.
Il raconte sa journée à Clarisse qui hoche simplement
la tête quand il l'interpelle. De temps à autre, elle tend la main pour prendre
de la nourriture ou pour boire. Au bout d'un moment, elle se rapproche de lui
pour chercher un câlin. Il la prend dans ses bras.
Il est soulagé quand la sonnette retentit. Clarisse
sursaute et se recule effrayée dans un coin du canapé.
Quand il ouvre la porte, Sacha découvre Fabrizio avec
surprise.
— Qu'est-ce que tu fais
là ? Pourquoi tu n'as pas appelé ?
— Je t'ai appelé, mais tu
n'as pas répondu… Ton téléphone me mettait instantanément sur messagerie.
Il constate alors que son appareil est éteint.
— Oh mince ! J'ai oublié
de le remettre en charge… Mais avec l'état de Clarisse, j'ai été perturbée…
— Que lui arrive-t-il ?
— Regarde !
Fabrizio entre alors dans le salon et découvre
Clarisse, assise. Elle lui sourit sans un mot.
— Elle aussi !
— Comment ça ? Elle aussi
!
Après avoir essayé de te
joindre, j'ai appelé Elisa pour lui donner la bonne nouvelle. Notre manip a
marché, les vers infectés se sont tous décrochés des blés et sont inerte sur le
sol… Je suis tombé sur son copain qui m'a dit qu'elle était à l'hôpital. Il l'a
trouvé dans le coma au réveil ce matin. Il pensait qu'elle n'avait pas supporté
leur soirée un peu trop festive de la veille… Mais quand il est allé la voir
cet après-midi à l'hôpital, elle était réveillée, mais dans le même état que Clarisse,
apathique…
— Une maladie ?
— Je ne sais pas, mais
c'est étrange…
À cet instant, le Docteur Vonier sonne et entre.
Aussitôt, il examine Clarisse.
— Je ne comprends pas.
Pas de fièvre, tension normale, pouls normal, ses réflexes sont normaux. Son
regard suit mon doigt… Elle a mangé ?
— Oui elle a mangé et bu
normalement, mais en silence… Et elle ne fait rien. Elle semble dans un autre
monde…
Alors que le médecin se penche une nouvelle fois sur
elle, Clarisse écarte les cuisses et ils peuvent tous voir une tache d’humidité
grandir sur le pantalon de pyjama.
— Clarisse ! que faites-vous
?
— Ma chérie ?
Les trois hommes ne peuvent que constater le résultat.
Elle s'est urinée dessus sans se poser de question.
— Je suis complètement
dépassé, elle semble aller bien, sauf pour ce qui est de ses fonctions
cérébrales supérieures… Il faut lui faire passer des examens plus poussés, ce
pourrait être une tumeur cérébrale… Mais, à ce stade, je ne peux rien dire…
— Un cancer ?
— Je ne sais pas, mais je
ne connais aucun virus, bactérie ou autre qui produisent ce genre de symptômes…
Je vais appeler les services d’urgence pour qu’elle soit hospitalisée en
attendant… Vous n’allez pas pouvoir vous en occuper dans cet état, non ?
— Cela me semble
difficile, même si elle est restée toute seule aujourd’hui.
Quelques minutes plus tard, une ambulance emmène
Clarisse vers l’hôpital.
Dans d’autres quartiers de la ville, des enfants se
couchent avec de la fièvre. Des mamans inquiètent appellent le médecin ou se
rendent dans les services d’urgence avec leurs petits malades. À chaque fois,
le virus se répand dans le corps des personnes contaminées, invisible pour les
défenses immunitaires cachées au cœur des cellules.
Dans un avion, au-dessus de l’océan, une hôtesse se
plaint de vertiges et de maux de tête. Elle s’allonge au fond de la cabine, ne
pouvant plus tenir debout, elle s’endort. Quand l’avion atterrit, une de ses
collègues vient la réveiller. La jeune femme la regarde en souriant. Les yeux
dans le vague, elle ne semble plus savoir où elle se trouve. Aussitôt, elle est
prise en charge par les services médicaux de l’aéroport qui sont aussi
désemparés devant ce mystère que l’a été le Docteur Vonier quelques heures plus
tôt.
Dans l’atmosphère confinée de l’appareil, le virus qui
s’est multiplié dans le corps de l’hôtesse a facilement pu se propager aux
autres voyageurs. Quelques heures plus tard, des centaines de personnes
s’endorment fiévreuses.
Si les hommes se rétablissent sans conséquence, les
femmes se réveillent apathiques et sans volonté.
Phase Finale
La panique gagne les ministères. Cette étrange
épidémie gagne du terrain. Des malades apparaissent un peu partout dans le
monde, même dans des lieux isolés. Les examens plus poussés des malades ne
montrent aucune tumeur. L'imagerie médicale indique des modifications de
l'activité cérébrale chez les femmes apathiques, mais qui correspondent à ce
que les médecins s'attendaient à voir d'un cerveau qui dysfonctionne.
Les prises de sang ne montrent aucune trace d'agent
infectieux.
Il faut attendre plusieurs jours pour que des
prélèvements de l'air dans les pièces occupées par les malades permettent de
détecter des quantités anormalement élevées de ce virus supposé anodin.
Les hôpitaux mettent alors en place de consignes
d'isolement très strictes, mais il est trop tard. Sur le moment, personne
n'imagine que ce virus, légèrement différent du virus connu, infecte non
seulement les hommes, mais aussi plusieurs espèces animales sans déclencher de
pathologie. Seules les femmes sont atteintes de cette manière.
Quelques semaines après les admissions d'Elisa et
Clarisse à l'hôpital, le génome du virus est enfin séquencé.
Sacha apprend alors que ce virus est son virus. Enfin
presque, il remarque l'infime différence entre celui sur lequel il pensait
travailler qui ne cause aucun trouble et celui avec lequel ils ont fait les
premiers tests.
Dans son esprit, il revoit ce jour où cette goutte lui
est tombée sur sa plaie. Il se souvient de sa fièvre, de son étrange fatigue
pendant quelques jours.
Il voulait sauver l'humanité, il est devenu celui qui
la condamne.
Ce soir, il vient passer quelques heures avec
Clarisse. Les soignants ont remarqué que les femmes assurent leurs besoins vitaux,
et que si on leur montre, elles utilisent les toilettes et peuvent enfiler
seules des vêtements sans trop de fioritures. Elles réagissent à leur nom et à
des consignes simples.
Il l'habille et la coiffe avec soin. Ensemble, main
dans la main, ils sortent de l'établissement de soin. Il les conduit au bord de
la falaise et entraînant Clarisse avec lui, il fait un pas en avant.
Leurs corps seront retrouvés le lendemain matin par
des promeneurs.
Les journaux titreront que le bourreau de l'humanité a
préféré se donner la mort plutôt que d'affronter ses juges.
Malgré toutes les précautions mises en place, le fléau
s'étend à l'ensemble de la planète en quelques mois. Le chaos s'installe.
Par chance, le virus se propage aussi au parasite du
blé qui disparaît, les hommes ne mourront pas de faim.
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