lundi 2 novembre 2020

Le Manoir aux Fleurs -05- Rencontre Inattendue

  

Sur le chemin du retour, Viviane repensa à la remarque de Madame de Longueville en rapport avec ses vêtements. Il était vrai que même si elle s'était posé la question de la tenue qu'elle devrait porter en classe, elle n'avait pas particulièrement réalisé qu'elle serait face à des adolescents en plein déséquilibre hormonal dont certains à peine plus jeunes qu'elle. Elle devrait donc penser à remiser ces robes et petits shorts courts qu'elle affectionnait pendant les vacances et ressortir des tenues plus couvrantes pour le lycée.

Arrivée devant le manoir, elle s'attarda au portail et aux linteaux recouverts par une végétation luxuriante. Un détail attira son attention : plusieurs symboles étaient subtilement gravés dans la pierre ou forgés sur le métal. On y voyait ici, un ouroboros, là, des symboles maçonniques ou encore quelques triskels discrets. Comment ne les avait-t-elle pas remarqués plus tôt, elle, amatrice d'ésotérisme ?

Elle rentra pensive, se prépara un petit repas à grignoter devant une série qu'elle avait téléchargé depuis le lycée. Il était temps d'ouvrir cette valise laissée de côté depuis son arrivée et qui contenait des tenues plus sages dans des coloris passe-partout et surtout qui lui permettaient d'atténuer certaines rondeurs qui auraient pu troubler la concentration de certains élèves. Elle déplaça les vêtements "oubliés" pour pouvoir ranger les siens et elle posa ces derniers sur le lit avant de leur trouver un sac ou une boîte.

Elle regarda un à deux épisodes de sa série préférée tout en mangeant. Alors qu'elle allait passer son grand t-shirt pour la nuit, elle avisa la pile de linge au pied du lit. Curieuse de les découvrir, elle enfila la robe longue en organza rouge à la coupe bien particulière. Elle ressemblait à ces robes que l'on voit sur les poteries crétoises qui laissaient la poitrine apparente et surtout, elle était complètement fendue dans le dos ce qui fait que si elle s'asseyait ou se penchait en avant, ses fesses assez rondes étaient automatiquement mises à nue. Elle se mira dans la glace qui étrangement était ornée de jolie moulures représentant des animaux divers et variés mais aussi quelques personnages indéfinis dans des postures pour le moins incongrues. Elle se tourna pour voir les détails en particulier la manière dont ses courbes se dévoilaient quand les pans de tissu s'écartaient avec ses mouvements. Quant à sa poitrine, la robe lui comprimait un peu le ventre et remontait ses globes de chairs pâles de manière provocante.

Cela la fit rosir, elle repensa au rêve qu’elle avait fait dans lequel, justement, elle portait cette robe et se trouvait être le centre d'intérêt d'une assemblée d'inconnus qui la fixaient. Elle fut prise d'une envie de jouer avec la légèreté du tissu sur son corps. Face au miroir, elle tournait et virevoltait sur elle-même, prenait des poses suggestives pour inviter un éventuel spectateur à profiter de ce qu'elle pourrait lui dévoiler, elle se sentait possédée d'une envie de plaire et de plaisir.

Il était temps pour elle de se coucher. Alors qu'elle allait ôter sa robe, elle sentit une piqûre au niveau de son entrecuisse. Elle se frotta avec la main et elle aperçut un insecte s'envoler en laissant échapper cette poussière bleue dont lui avait parlé Eléonore. Sans y prêter plus attention, elle retira la robe qu'elle posa sur un cintre avant d'aller prendre sa douche.

N'ayant pas envie de vêtir et se sachant seule à cet étage, elle franchit nue la porte de service. Elle tourna la tête, avec l’impression d’être observée. Elle crut apercevoir une silhouette bleuâtre dans l'encadrement d'une porte interdite. Cette forme n'était pas nette mais il lui sembla que deux tisons avaient pris la place des yeux. Elle frissonna et se dépêcha d'entrer sous la douche. Elle se doucha rapidement et alla se coucher l'esprit encore embué des restes du plaisir à jouer un rôle de courtisane. Mais en dépit des découvertes et des émotions de la journée, elle s'endormit rapidement.

 

Près de sa cheminée le comte était perdu dans ses pensées lorsqu'une odeur de soufre qu'il connaissait bien lui effleura les narines. Sans se retourner, il interpela son visiteur.

— Alors Satiricon ! Content de ta soirée ?

Dans un petit nuage de fumée bleue le diablotin du nom de Satiricon apparut. Plus petit que ses congénères, il n'en est pas moins l'un des plus vicieux. Son pouvoir se limitait à la suggestion mais son esprit pervers faisait des merveilles sur ses victimes.

— Oui Monsieur le Comte ! Excellente soirée. Votre nouvelle locataire est des plus prometteuses.

— Même si j'ai observé ton manège, raconte-moi tes impressions.

Voilà Mr le comte ! Je me suis rendu dans l'appartement de la jeune Viviane et l'occasion de lui faire goûter au plaisir des fleurs de Pandora n'a pas traîné. La belle avait du rangement à faire et pour cela elle a dû déplacer les vêtements que vous m'aviez demandé de déposer pour elle avant son arrivée. Elle les a délaissés un moment puis elle est revenue vers eux. Comme vous le supposiez, elle s'est Laissée tenter par un essayage de la tenue enduite du pollen de la pandora. Elle a essayé cette tenue sans dessous comme il sied à cette robe. Prenant la forme d'un insecte volant, je me suis posé sur le haut de sa cuisse.

Le pollen commençait déjà à faire effet et j'ai pu alors commencer à saturer son esprit d'idées plus troublantes les unes que les autres.

Je l'ai vue fondre sous mes yeux Elle n'a pas résisté longtemps à l'envie de se faire du bien et plus elle le faisait, plus elle répandait sur elle le pollen. Elle s'est laissé à mes suggestions mais je me suis arrêté aux limites que vous m'aviez imposées. Monsieur !

— Attention Satiricon ! Ne dépasse pas les bornes. Tu sais ce que tu risques ! gonda le Professeur.

— Oui ! C'est pour cela que je quittai l'appartement de la belle avachie dans son trouble. Mais je n'ai pas pu résister à l'idée de la regarder prendre sa douche.

— Oui ! Tu as bien failli te faire voir, maudit démon sans cervelle ! La petite en a dans la tête et tu as pris un risque. Mais la séance que tu m'as offerte là vaut bien une récompense !

Merci Monsieur le comte ! La pandora m'a bien aidé tout de même mais sans vouloir paraître ingrat. Quelle est cette récompense ?

— Je te laisse le soin d'aller profiter de mon ancienne assistante. Tu sais : la belle Marie.

— Oh merci ! Monsieur le comte. Cette belle rouquine est un délice. Je vais bien en profiter.

Sans plus attendre, Satiricon disparut, à la recherche de sa récompense.

Le comte reprit sa contemplation des flammes et même si celles-ci ne le réchauffaient plus depuis longtemps, il aimait leur danse et y voyait ses conquêtes passées.

Il pensait lui aussi que Viviane allait lui permettre de prendre l'avantage sur Madame de Longueville et ses ennemis de toujours.

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