Sur le chemin
du retour, Viviane repensa à la remarque de Madame de Longueville en rapport avec
ses vêtements. Il était vrai que même si elle s'était posé la question de la
tenue qu'elle devrait porter en classe, elle n'avait pas particulièrement
réalisé qu'elle serait face à des adolescents en plein déséquilibre hormonal
dont certains à peine plus jeunes qu'elle. Elle devrait donc penser à remiser
ces robes et petits shorts courts qu'elle affectionnait pendant les vacances et
ressortir des tenues plus couvrantes pour le lycée.
Arrivée devant
le manoir, elle s'attarda au portail et aux linteaux recouverts par une
végétation luxuriante. Un détail attira son attention : plusieurs symboles
étaient subtilement gravés dans la pierre ou forgés sur le métal. On y voyait
ici, un ouroboros, là, des symboles maçonniques ou encore quelques triskels discrets.
Comment ne les avait-t-elle pas remarqués plus tôt, elle, amatrice
d'ésotérisme ?
Elle rentra
pensive, se prépara un petit repas à grignoter devant une série qu'elle avait
téléchargé depuis le lycée. Il était temps d'ouvrir cette valise laissée de
côté depuis son arrivée et qui contenait des tenues plus sages dans des coloris
passe-partout et surtout qui lui permettaient d'atténuer certaines rondeurs qui
auraient pu troubler la concentration de certains élèves. Elle déplaça les
vêtements "oubliés" pour pouvoir ranger les siens et elle posa ces
derniers sur le lit avant de leur trouver un sac ou une boîte.
Elle regarda
un à deux épisodes de sa série préférée tout en mangeant. Alors qu'elle allait
passer son grand t-shirt pour la nuit, elle avisa la pile de linge au pied du
lit. Curieuse de les découvrir, elle enfila la robe longue en organza rouge à
la coupe bien particulière. Elle ressemblait à ces robes que l'on voit sur les
poteries crétoises qui laissaient la poitrine apparente et surtout, elle était
complètement fendue dans le dos ce qui fait que si elle s'asseyait ou se
penchait en avant, ses fesses assez rondes étaient automatiquement mises à nue.
Elle se mira dans la glace qui étrangement était ornée de jolie moulures
représentant des animaux divers et variés mais aussi quelques personnages
indéfinis dans des postures pour le moins incongrues. Elle se tourna pour voir
les détails en particulier la manière dont ses courbes se dévoilaient quand les
pans de tissu s'écartaient avec ses mouvements. Quant à sa poitrine, la robe
lui comprimait un peu le ventre et remontait ses globes de chairs pâles de
manière provocante.
Cela la fit
rosir, elle repensa au rêve qu’elle avait fait dans lequel, justement, elle
portait cette robe et se trouvait être le centre d'intérêt d'une assemblée
d'inconnus qui la fixaient. Elle fut prise d'une envie de jouer avec la
légèreté du tissu sur son corps. Face au miroir, elle tournait et virevoltait
sur elle-même, prenait des poses suggestives pour inviter un éventuel
spectateur à profiter de ce qu'elle pourrait lui dévoiler, elle se sentait
possédée d'une envie de plaire et de plaisir.
Il était temps
pour elle de se coucher. Alors qu'elle allait ôter sa robe, elle sentit une
piqûre au niveau de son entrecuisse. Elle se frotta avec la main et elle
aperçut un insecte s'envoler en laissant échapper cette poussière bleue dont
lui avait parlé Eléonore. Sans y prêter plus attention, elle retira la robe
qu'elle posa sur un cintre avant d'aller prendre sa douche.
N'ayant pas
envie de vêtir et se sachant seule à cet étage, elle franchit nue la porte de
service. Elle tourna la tête, avec l’impression d’être observée. Elle crut
apercevoir une silhouette bleuâtre dans l'encadrement d'une porte interdite.
Cette forme n'était pas nette mais il lui sembla que deux tisons avaient pris
la place des yeux. Elle frissonna et se dépêcha d'entrer sous la douche. Elle
se doucha rapidement et alla se coucher l'esprit encore embué des restes du
plaisir à jouer un rôle de courtisane. Mais en dépit des découvertes et des
émotions de la journée, elle s'endormit rapidement.
Près de sa
cheminée le comte était perdu dans ses pensées lorsqu'une odeur de soufre qu'il
connaissait bien lui effleura les narines. Sans se retourner, il interpela son
visiteur.
— Alors Satiricon
! Content de ta soirée ?
Dans un petit
nuage de fumée bleue le diablotin du nom de Satiricon apparut. Plus petit que
ses congénères, il n'en est pas moins l'un des plus vicieux. Son pouvoir se
limitait à la suggestion mais son esprit pervers faisait des merveilles sur ses
victimes.
— Oui Monsieur
le Comte ! Excellente soirée. Votre nouvelle locataire est des plus
prometteuses.
— Même si j'ai
observé ton manège, raconte-moi tes impressions.
Voilà Mr le
comte ! Je me suis rendu dans l'appartement de la jeune Viviane et l'occasion
de lui faire goûter au plaisir des fleurs de Pandora n'a pas traîné. La belle
avait du rangement à faire et pour cela elle a dû déplacer les vêtements que
vous m'aviez demandé de déposer pour elle avant son arrivée. Elle les a délaissés
un moment puis elle est revenue vers eux. Comme vous le supposiez, elle s'est
Laissée tenter par un essayage de la tenue enduite du pollen de la pandora.
Elle a essayé cette tenue sans dessous comme il sied à cette robe. Prenant la
forme d'un insecte volant, je me suis posé sur le haut de sa cuisse.
Le pollen
commençait déjà à faire effet et j'ai pu alors commencer à saturer son esprit
d'idées plus troublantes les unes que les autres.
Je l'ai vue
fondre sous mes yeux Elle n'a pas résisté longtemps à l'envie de se faire du
bien et plus elle le faisait, plus elle répandait sur elle le pollen. Elle
s'est laissé à mes suggestions mais je me suis arrêté aux limites que vous
m'aviez imposées. Monsieur !
— Attention
Satiricon ! Ne dépasse pas les bornes. Tu sais ce que tu risques ! gonda le
Professeur.
— Oui ! C'est
pour cela que je quittai l'appartement de la belle avachie dans son trouble.
Mais je n'ai pas pu résister à l'idée de la regarder prendre sa douche.
— Oui ! Tu as
bien failli te faire voir, maudit démon sans cervelle ! La petite en a dans la
tête et tu as pris un risque. Mais la séance que tu m'as offerte là vaut bien
une récompense !
— Merci Monsieur le
comte ! La pandora m'a bien aidé tout de même mais sans vouloir paraître
ingrat. Quelle est cette récompense ?
— Je te laisse
le soin d'aller profiter de mon ancienne assistante. Tu sais : la belle Marie.
— Oh merci ! Monsieur
le comte. Cette belle rouquine est un délice. Je vais bien en profiter.
Sans plus
attendre, Satiricon disparut, à la recherche de sa récompense.
Le comte
reprit sa contemplation des flammes et même si celles-ci ne le réchauffaient
plus depuis longtemps, il aimait leur danse et y voyait ses conquêtes passées.
Il pensait lui
aussi que Viviane allait lui permettre de prendre l'avantage sur Madame de
Longueville et ses ennemis de toujours.
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