— Voilà ! Je vous quitte ici.
La déesse les laissa devant un bas-relief représentant une chouette comme
celui qu'ils avaient trouvé dans la caverne.
— De retour dans votre monde, prenez la pierre qui se trouve dans l'œil
gauche et vous pourrez revenir ici quand vous le voudrez.
— Merci pour tout ! répondit Luc, ne sachant pas comment on devait
remercier une antique déesse pour son hospitalité.
Comme pour leur arrivée dans la bibliothèque, ils franchirent la lueur
bleue du portail et ils se retrouvèrent face à la même chouette que celle
devant laquelle ils étaient de l'autre côté du passage. Jane tendit la main et
prit l'améthyste qui faisait la pupille de l'œil et la glissa dans la poche.
Ils durent attendre un peu que leurs yeux s'habituent à l'obscurité de la
grotte où ils se trouvaient. Peu à peu, ils distinguèrent la lueur de la sortie
et se dirigèrent vers le monde extérieur.
— Avons-nous rêvé ? demanda Luc.
— Je ne crois pas, dit Jane qui faisait tourner le caillou entre ses doigts
dans sa poche.
— Si ce qu'elle nous a dit est vrai, c'est incroyable, mais personne ne
voudra nous croire.
— Pourquoi devrions-nous le raconter ?
***
Pendant qu'ils étaient en train de se restaurer quelques heures plus tôt,
Athéna entreprit de leur narrer la véritable histoire du monde. Elle leur parla
de l'Entité créatrice de l'univers, comment celle-ci avait orienté l'évolution
des humains pour qu'ils deviennent ce qu'ils sont aujourd'hui. Elle leur fit le
récit de la naissance des dieux. C'est en leur parlant des Veilleurs et de leur
fonction qu'elle leur expliqua qui était Keireen.
Il y a de longues années, un veilleur choisit de renoncer à son rôle de
guide de l'humanité et au lieu de recruter des Appelés. Il asservit des êtres
humains pour le servir lui. Il avait découvert une partie du secret de la
pierre philosophale et réussit à franchir les protections mises en place pour
protéger la bibliothèque. Il déroba quelques objets et sa puissance s'accrut.
Avec ses nouveaux pouvoirs, il put invoquer des démons et des dieux mineurs
pour le servir. Quelques Veilleurs réussirent à le combattre et à lui prendre
le coffret contenant la pierre et le parchemin qu'ils avaient découverts dans les catacombes. Le hasard, ou la destinée, fit que Luc et Jane découvrirent ce coffre au moment où celui qui se fait
appeler le Comte ou le Professeur Van Dyck venait de le repérer. Il envoya
ainsi tout d'abord un homme-chat puis la guerrière à leurs trousses, car il lui
manque encore un artéfact qui lui permettrait d'atteindre son but.
Ils étaient en train de se remémorer ces paroles quand ils atteignirent
enfin la sortie de la grotte. Dans le lointain, un grondement les fit sursauter
mais comme ils se trouvaient dans une forêt assez épaisse,
ils ne pouvaient pas en voir la cause.
On dirait que nous sommes à la fin du printemps.
— Oui ! Je te le confirme. Combien de temps sommes-nous restés avec Athéna
?
— Nous ne le saurons que lorsque nous croiserons du monde… dit Luc très
inquiet. Mon oncle et ma tante ont dû s'inquiéter terriblement… Tout le monde
doit nous croire morts…
Jane pâlit elle aussi en pensant à ses parents. Ils arrivèrent en bordure
d'une route et commencèrent à la descendre. Luc ne reconnaissait pas l'endroit
où ils étaient.
— Je connais bien les environs de la ferme de l'oncle Robert, et là je ne
sais absolument pas où nous sommes, même si au vu de la végétation et des
rochers environnants nous ne devons pas en être très éloignés.
— Tu entends ce bruit sourd au loin ?
— Oui et je me demande ce que c'est ?
Au même instant, une voiture de gendarmerie s'arrêta juste après les avoir
dépassés et deux gendarmes en sortirent.
— Que faites-vous ici ? Vous ne
savez pas que cette zone est interdite à toute circulation.
— Non ! Nous ne le savions pas, mais pourquoi ?
Le volcan du lac Pavin est entré en éruption il y a quelques mois. Cela a
surpris tout le monde et du coup tout le secteur a dû être évacué à titre de
sécurité.
Les deux amants se regardèrent.
— Et la ferme de mon oncle ? demanda alors Luc
L'un des gendarmes comprit alors qui ils étaient et leur posa la question
fatidique.
— Vous êtes les deux randonneurs disparus en janvier ? Tout le monde vous a
cherché après l'éruption et l'effondrement des cavernes. Tout le monde vous a
cru morts. Où étiez-vous ?
Jane et Luc se regardèrent, ne sachant que répondre.
— Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous sommes entrés par les
cavernes au-dessous de la ferme et que nous sommes ressortis par cette grotte.
dit Jane aux gendarmes.
— Mouais ! fit le plus vieux en se frottant le menton. Nous allons vous
emmener à l'hôpital pour des examens et pour que vous puissiez récupérer de
votre aventure et nous y prendrons votre déposition.
Pendant ce temps, l'autre gendarme avait prévenu l'hôpital, l'oncle Robert
et la tante Claire de la réapparition inattendue des deux jeunes gens.
À leur arrivée, ils furent pris en
charge par une équipe de médecins qui leur fit passer toute une batterie de
tests avant de leur permettre de se reposer dans une chambre où ils purent
enfin serrer dans leurs bras leur oncle et leur tante qui pleuraient de
bonheur.
L'oncle Robert raconta que la
ferme avait eu de la chance. Toute l'eau du lac Pavin s'était répandue dans la
vallée par les cavernes et quelques minutes plus tard, de la lave suivit en
obstruant toutes les galeries. Ils les avaient cherchés pendant quelques jours,
mais rapidement, les pompiers leur avaient dit qu'ils avaient dû être piégés et
emportés par l'inondation. Ils avaient sondé les rivières et les lacs en aval,
mais ils ne remontèrent que les corps de deux femmes que personne n'avait
encore pu identifier.
Jane et Luc réalisèrent que
l'oncle parlait de Keireen et Sophia. Quand la tante Claire lança.
— L'éruption s'est arrêtée aussi
subitement qu'elle avait commencé. On vient de nous dire que nous allions
pouvoir bientôt regagner notre ferme.