lundi 22 décembre 2025

Eruptions - 11 - La Fresque

Après avoir passé de longues heures sur les images et les vidéos prises dans les catacombes, Thibault avec l’aide de Laurence, put enfin apporter une première réponse aux interrogations de Luc et Jane. Il leur proposa de passer le voir un soir pour leur donner ses premiers résultats. Ils s’installèrent dans une salle de réunion et il projeta sur le mur ce qu’il avait pu découvrir. Paul, le responsable de Thibault, était présent aussi. C’est lui qui commença à parler.

— Ce que vous avez découvert est assez surprenant car cela correspond à une fresque bien plus ancienne que vous ne le pensiez.

— Expliquez-nous ! dit Jane.

— Quand Thibault m’a montré les premières photos, je me suis douté que ce n’était pas une fresque réalisée au Moyen Âge, les personnages représentés ne ressemblent pas à ceux que l’on voit sur les fresques de cette période… De plus les lettres utilisées ressemblent à celles de l’alphabet runique…

Il les regarda digérer cette information.

— Mais les runes étaient utilisées par les Vikings…

— Oui Jane ! Vous avez raison. Mais dans ce cas elles sont bien plus anciennes. J’ai fait dater les pigments utilisés pour peindre et vous n’allez pas en croire vos oreilles.

Ils étaient tout ouïe.

— Ces pigments datent d’environ mille ans avant notre ère.

— Mais c’est impossible ! rétorqua Luc. Cette fresque semble avoir été peinte il y a quelques mois.

— Oui ! Et c’est ce qui est intrigant. Les pigments datent d’environ trois mille ans, mais les outils utilisés pour faire la fresque ne datent que de moins de cent ans.

Luc et Jane se regardèrent.

— Les passages ! dirent-ils en chœur.

Paul les fixa intrigué, les passages, avez-vous dit ? Vous connaissez leurs existences ?

Les deux jeunes gens lui racontèrent donc leur histoire. Il les écouta sans ciller puis il reprit la parole.

— Je me doutais bien que votre histoire cachait ce genre de choses. Mon épouse m’a souvent parlé de ces passages. Elle est convaincue de leur existence même si elle n’en a jamais franchi un seul. Elle me répète qu’elle est capable de sentir leur existence et de les traverser comme tous les membres de sa famille.

— Alors que cache cette fresque ? Insista Jane.

Thibaut prit alors la parole.

— Il semble que ce soit une carte qui indique l’entrée de différents tunnels permettant d’accéder au « Sur-monde ».

— Le « Sur-monde" ?

— Oui, ce serait un lieu où le temps et l’espace seraient différents du monde dans lequel nous vivons. Sur la fresque, nous voyons représentés cinq volcans dont le Pavin, et le pic de Taranis en Bretagne. Il y aussi un lac au sud de Paris, la forêt de Brocéliande, l’entrée d’une grotte dans le sud de la France…

— Tous ces points seraient des points de passages ?

— Exactement ! C’est ce que nous pensons tous les trois, dit Laurence.

— Mais s’ils sont si nombreux, pourquoi personne n’en parle nulle part ?

— Parce que rares sont ceux qui peuvent les franchir. Élisabeth me dit qu’elle en a la possibilité, mais elle ne l’a jamais fait. Elle a trop peur de ce qui pourrait se passer.

— Comme ressortir des années après y être entrée ?

— Exactement…

— Nous avons eu de la chance alors ?

— Sûrement, mais vous étiez sous la protection d’une déesse et je pense que vous l’êtes toujours.

— Pourquoi ?

— Parce que si j’en crois la suite du texte que nous avons pu déchiffrer, il y a un terrible conflit qui affecte le « sur-monde ». Un conflit dont certains acteurs sont humains et d’autres non-humains. Il y avait dans cette pièce un objet que vous avez trouvé et qui est au centre de ce conflit. En le découvrant et en l’utilisant, vous êtes au centre de la guerre, compléta Laurence.

— Sommes-nous en danger ? demanda Jane, inquiète.

— Je ne pense pas, mais je pense que vous trouverez d’autres réponses en vous rendant en Bretagne, ajouta Paul.

— Pourquoi la Bretagne ?

Thibault étala une carte allant de Saint-Malo à Rennes.

— Regarde Luc ! Ici se trouve le pic de Taranis qui est entré en éruption en même temps que le Pavin. Au centre de la ville se trouve un ancien monastère encore en activité, occupé, par une congrégation de religieuses assez étranges. Le couvent comporte une église, mais cette congrégation n’est pas reconnue par Rome.

— Ce ne sont pas des religieuses catholiques ?

— Impossible de le savoir, personne n’assiste à leurs offices. Elles vivent du produit de leur potager et surtout d’un alcool qu’elle produise dans le couvent.

— Un alcool aux propriétés particulières, précisa Laurence.

— Il serait aphrodisiaque d’après certains ! reprit Thibault. Ce qui expliquerait son succès aujourd’hui. Mais il semble qu’autrefois, il servait lors de séances d’exorcisme.

— Et pourquoi nous parler de ce couvent ? demanda Jane.

— Il semble que depuis quelques mois, il soit à l’origine de manifestations étranges. Les voisins se plaignent de bruits pendant la nuit et parfois il y aurait des éclairs de lumières qui seraient visibles au travers des vitraux de la chapelle…

Coupant la parole à son chef, Thibaut enchaîna.

— Ce n’est pas tout !

Avec son index, il montra cinq points sur la carte. Ses points forment les sommets d’un pentagone, mais ce peut être aussi les sommets d’une étoile à cinq branches. Il commença à dessiner sur la carte.

— Un pentacle ! dit Jane.

— Exactement, ce monastère des pandorines est le centre d’un pentacle.

— Mais ! Un pentacle n’est-il pas fait pour invoquer des démons ?

— Si ! Tu as raison Luc. Et un pentacle de cette taille pourrait faire apparaître une créature d’une puissance extraordinaire.

Les regards se tournèrent vers Laurence qui continua.

— J’ai fait des recherches sur ces points. Ils correspondent aux plus anciens bâtiments de la ville.

Elle montrait les sites les uns après les autres en commençant par celui le plus au sud, tout en parlant.

— Un lycée, ancien séminaire. Un immeuble d’habitation, autrefois un petit manoir fortifié. Une magnifique demeure datant de la renaissance, mais bâtie sur un ancien temple romain. Le phare ! dit-elle en pointant son doigt sur une île au centre de la baie. Et un manoir, habité depuis des générations par la même famille, la famille des comtes Van Dyck…

À ce nom, Jane et Luc sursautèrent.

— Van Dyck ! dit Luc.

— Oui pourquoi ? demanda Laurence.

— Athéna nous a parlé de lui, comme étant un “Appelé” qui aurait retourné sa veste et chercherait à éliminer les anciens dieux les uns après les autres.

— Je pense que nous devons nous rendre là-bas ! dit Jane.

— Oui tu as raison. Il va faire beau, ce sera l’occasion d’un petit séjour au bord de la mer.

— Mon ami Gérald vit là-bas.

— Qui ?

Celui qui m’a donné la carte des catacombes. Vous devriez aller le voir, il pourra peut-être vous aider, surtout si vous devez entrer dans des souterrains. C’est le seul type que je connaisse qui a une boussole dans le crâne, il sait toujours où nous sommes.

— Oui si tu veux. On passera le voir.

Au cours de la soirée, Paul continua à expliquer ce qu’ils avaient pu mettre en évidence avec la fresque et il finit en disant que le service des catacombes avait de nouveau muré l’entrée pour éviter qu’elle soit dégradée. 

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