vendredi 3 juillet 2020

Ille -01- Réveil

J'émergeai du sommeil, rattrapé par une envie pressante, je me levai rapidement de dessous la couette et d'instinct, je me dirigeai vers les toilettes. À tâtons dans la semi-obscurité de la salle de bain, je soulevai la lunette pour me soulager et je réalisai avec stupeur qu'un filet chaud me coulait le long des cuisses, arrivait tiède puis complètement froid à mes pieds. Je regardais vers le bas sans comprendre ce que je croyais deviner, mais la nature me rattrapa et je décidais de m'asseoir. Je me suis retrouvé les fesses froides à moitié dans le trou en pestant contre celui qui avait oublié de rabattre la lunette.

Je finis de me soulager et je constatai alors quelque chose d'étrange, je découvris que j'étais dans le corps de mon amie.

— Ce n'est pas possible, nous n'avons rien bu hier soir ! pensé-je.

Même si nous avions passé un moment d'intimité intense, fusionnel comme cela ne nous était jamais arrivé, je me souvenais bien m'être endormi à côté d'elle hier soir.

Je me suis relevé et je passais sous la douche. Je pris pleinement conscience de mon état. En me savonnant, j'eus confirmation de ma première impression, j'avais bel et bien une poitrine, rien qui ne me pendait entre les cuisses. Je me suis rincé et sortit de la douche pour attraper une serviette. Devant le miroir de la salle de bain, je voyais l'image de mon amie nue. J'en suis resté incrédule. "Que se passe-t-il ?" Mon esprit encore embué se réveilla totalement. J'étais bien dans le corps de Mireille avec qui je venais de passer la nuit. Je restais quelques instants à admirer ce corps qui me donnait tant d'envies lorsque je le voyais nu ou que je le caressais.

— Il faut que j'en aie le cœur net ! me dis-je en me précipitant alors dans la chambre.

Horrifié, je vis mon propre corps sous la couette, immobile, endormi, inerte. Je me suis penché pour le secouer, aucune réaction. Je constatai malgré tout avec soulagement qu'il respirait et que le pouls était perceptible.

J'ai cherché autour de moi ce que je pourrais faire pour le réveiller, pour essayer de comprendre ce qui se passait. Au bout de quelques minutes à le remuer, le bouger, le caresser, je réalisai la vacuité de mes efforts et je me résignais à appeler les pompiers.

Réalisant ma nudité, j'attrapai rapidement les vêtements de mon amie que nous avions éparpillés dans la chambre la veille au soir. J'enfilai sans réfléchir une culotte prise au hasard dans un tiroir, le t-shirt et le legging, et oubliai le soutien-gorge, chose que j'allais regretter plus tard dans la journée.

Quelques minutes plus tard, j'entendis la sirène des pompiers approcher et je leur ouvris la porte avant même qu'ils ne frappent. Je les guidai à la chambre ou mon corps était inerte, immobile. Mon regard fut accroché par le sourire d'un pompier sportif qui tenta de me rassurer par des paroles que mon cerveau n'arrivait pas à interpréter. Je sentis mon corps réagir de manière étrange. Je bafouillais, il me prit par les bras, et me guida vers une chaise.

— Oui ça va aller. Je vais vous suivre en voiture. Mais pouvez-vous me dire ce qui se passe ? Je ne comprends pas.

Je ne savais pas comment lui dire ce qui m'arrivait. Il m'aurait pris pour un fou. Je préférai ne rien dire et il me répondit :

— Je ne sais pas cela ressemble à un AVC, le médecin du SAMU arrive, il nous en dira plus. Voulez-vous que je vous tienne compagnie ?

Sur ces mots, je fus parcouru d'un frisson.

— Pourquoi ? pensé-je. Pourquoi cela ?

Au même moment, le médecin arriva et me salua rapidement avant de se diriger dans la chambre et de commencer à examiner mon corps inerte. Je la regardais faire, penchée, l'auscultant et posant des questions auxquelles je répondais par des oui ou des non.

Les pompiers le déposèrent sur un brancard et me dirent à quel hôpital ils allaient le conduire.

— Je ne peux pas vous expliquer, c'est assez étrange, on dirait qu'il dort, mais il ne réagit pas comme une personne endormie et cela ne ressemble pas à un coma, me dit la doctoresse qui venait de m'examiner.

— Je vous suis ! dis-je en attrapant mon sac.

Je réalisais alors que je devais prendre celui de ma compagne. Je fouillai dans son sac à main pour trouver ses clés de voiture.

Je regardai les pompiers qui portaient la civière et le médecin partir. L'ambulance s'éloigna toutes sirènes hurlantes. Je pris une veste et fermai la maison avant de monter dans la voiture.

Me retrouvant seul ou seule, je ne savais plus comment me qualifier. J'essayais de faire le point, respirant profondément.

— Bon alors ! Où en suis-je ?

Mon corps est parti dans l'ambulance et moi je suis là dans la voiture, dans le corps de Mireille. Il y a bien quelqu'un qui va pouvoir me renseigner sur ce qui vient de se passer...

J'attachai ma ceinture, me tortillant lorsqu'elle me barra la poitrine en deux. Je n'avais pas réalisé ce problème. Je cherchais la position la moins gênante pour faire passer la sangle entre ces globes généreux avant de démarrer. En roulant prudemment, car je n’étais pas habitué à cette vision de la route, je pris le chemin de l'hôpital. À chaque fois que je ralentissais, je sentais la ceinture m'écraser les seins et cela en rajoutait à mon exaspération. Heureusement que le trajet ne durait pas longtemps et quelques minutes après les pompiers, je me garai sur le parking.

Je sortis de ma voiture et d'un pas décidé je me dirigeai vers l'accueil des urgences. Il se produisit alors un phénomène auquel je n'avais pas pensé en m'habillant en catastrophe : le mouvement autonome et indépendant de cette poitrine. Les montées et descentes intempestives de cette partie de mon anatomie, que j'appréciais chez ma compagne, me forçaient à ralentir ma marche. Ce fut un peu perturbé que je me présentai devant l'hôtesse d'accueil qui me reçut avec un large sourire qui éclairait son visage entouré d'une magnifique chevelure rousse.

Je me suis présenté comme la compagne de la personne conduite par les pompiers il y a peu de temps, elle m'indiqua alors où le trouver. Je traversai le hall et aperçut mon corps sur un lit avec des fils reliés à différents appareils qui étaient en train de mesurer divers paramètres, tandis qu'une infirmière vérifiait je ne sais quel moniteur. Elle se tourna vers moi et le regard compatissant me sourit.

— Ah vous êtes là ? Votre ami est vraiment dans un état étrange, me dit-elle.

Je m'approchais troublé, et croyant que j'allais défaillir, elle me prit par le bras pour me guider vers un fauteuil. Ce contact et son parfum me troublèrent encore plus. Mon esprit masculin ne put rester insensible au charme de cette femme et du coup, le corps réagit aussi de manière plutôt incongrue pour moi.

Elle m’aida à m'asseoir et me caressa doucement le bras du revers de la main en me tendant un verre d’eau. Elle se pencha vers moi, son haut bâillait et je surpris sa poitrine recouverte de fine dentelle rose pâle. Cette vue, ce contact et cette odeur capiteuse, envoûtante augmentèrent mon trouble. Un frisson me parcourut l’échine qui en arrivait presque à me faire bander, mais au lieu de cette érection si familière, je sentis mon bas-ventre me chatouiller, la sensation fut pour le moins étrange. Stupéfait, je constatais que c'était un phénomène totalement différent qui se produisait et instinctivement je resserrai mes cuisses pour cacher mon trouble. J'espérais que l'infirmière qui se retourna à ce moment-là ne se rendit pas compte de mon état. Je sentis le rouge me monter aux joues alors qu'elle me refaisait son sourire enjôleur en me demandant si j’avais de l’eau en suffisance, ayant bu d’un trait le verre qu’elle m’avait donné.

Je bafouillai un oui de convenance alors qu'elle se retournait pour finir de contrôler l'ensemble des appareils. Je distinguais la trace de ses sous-vêtements bien visible sous le pantalon blanc moulant ses fesses rebondies. Elle se retourna pour vérifier mon état et nos regards se croisèrent. J'ai caché ma gêne derrière un malaise feint. Elle revint vers moi et s'inclinant au-dessus de moi, je ne pus manquer de voir ce que ne masquait plus son encolure échancrée. Je relevai la tête et ses yeux plongèrent dans les miens

Comment me sortir de cette situation ubuesque sans me couvrir de ridicule et sans trahir la situation dans laquelle j'étais.

Je tentais de me calmer en respirant profondément, mais cela me mettait de plus en plus mal à l'aise.

Elle s'écarta et me tendit alors une petite carte.

— Il faut que j'aille m'occuper des autres patients dans les autres chambres. Je vois que quelque chose de grave vous perturbe et ce n'est pas lié à l'état de votre ami. C'est en vous ! Prenez ma carte et n'hésitez pas à m'appeler. Je pense pouvoir faire quelque chose pour vous.

Je regardais le petit bristol et j'en découvris l'intitulé : "Madame Rose — Guérisseuse Spirituelle", suivi de son numéro de téléphone. Très dubitative, je la regardais partir en glissant sa carte dans ma poche.

Appuyé au bout du lit, je restais quelques minutes à fixer ce corps qui semblait endormi en me demandant comment j'allais pouvoir faire face. Soudain une pensée me traversa l'esprit.

— Le boulot ! m'exclamé-je.

Je devais rendre un rapport aujourd'hui. Il est important pour notre activité. Comment vais-je pouvoir le faire sans me griller.

Même si nous travaillions ensemble sur les mêmes dossiers, j'allais avoir du mal à justifier de faire le travail de Clément dans le corps de Mireille.

Je me décidais à quitter la chambre et en passant dans le hall d'accueil, ma vessie se rappela à mon bon souvenir.

— Où sont les toilettes ? demandai-je à un infirmier qui passait par là.

— À votre gauche, juste après les ascenseurs !

Je le remerciais, je trouvai la porte et je la poussais. Ce fut arrivée devant les urinoirs en voulant ouvrir ma braguette que je pris conscience de l'absurdité de la situation. Heureusement que personne n'était là. Je me dépêchai de sortir de là avant d'être surprise et j'entrai dans les toilettes des femmes où je pus me soulager.

Je suis remonté dans ma voiture et je pris le chemin du bureau en me demandant comment j'allais pouvoir donner le change.


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