J'émergeai du
sommeil, rattrapé par une envie pressante, je me levai rapidement de dessous la
couette et d'instinct, je me dirigeai vers les toilettes. À tâtons dans la
semi-obscurité de la salle de bain, je soulevai la lunette pour me soulager et
je réalisai avec stupeur qu'un filet chaud me coulait le long des cuisses,
arrivait tiède puis complètement froid à mes pieds. Je regardais vers le bas
sans comprendre ce que je croyais deviner, mais la nature me rattrapa et je
décidais de m'asseoir. Je me suis retrouvé les fesses froides à moitié dans le
trou en pestant contre celui qui avait oublié de rabattre la lunette.
Je finis de me
soulager et je constatai alors quelque chose d'étrange, je découvris que
j'étais dans le corps de mon amie.
— Ce n'est pas
possible, nous n'avons rien bu hier soir ! pensé-je.
Même si nous
avions passé un moment d'intimité intense, fusionnel comme cela ne nous était
jamais arrivé, je me souvenais bien m'être endormi à côté d'elle hier soir.
Je me suis
relevé et je passais sous la douche. Je pris pleinement conscience de mon état.
En me savonnant, j'eus confirmation de ma première impression, j'avais bel et
bien une poitrine, rien qui ne me pendait entre les cuisses. Je me suis rincé
et sortit de la douche pour attraper une serviette. Devant le miroir de la
salle de bain, je voyais l'image de mon amie nue. J'en suis resté incrédule.
"Que se passe-t-il ?" Mon esprit encore embué se réveilla totalement.
J'étais bien dans le corps de Mireille avec qui je venais de passer la nuit. Je
restais quelques instants à admirer ce corps qui me donnait tant d'envies
lorsque je le voyais nu ou que je le caressais.
— Il faut que
j'en aie le cœur net ! me dis-je en me précipitant alors dans la chambre.
Horrifié, je
vis mon propre corps sous la couette, immobile, endormi, inerte. Je me suis
penché pour le secouer, aucune réaction. Je constatai malgré tout avec
soulagement qu'il respirait et que le pouls était perceptible.
J'ai cherché
autour de moi ce que je pourrais faire pour le réveiller, pour essayer de
comprendre ce qui se passait. Au bout de quelques minutes à le remuer, le
bouger, le caresser, je réalisai la vacuité de mes efforts et je me résignais à
appeler les pompiers.
Réalisant ma
nudité, j'attrapai rapidement les vêtements de mon amie que nous avions
éparpillés dans la chambre la veille au soir. J'enfilai sans réfléchir une
culotte prise au hasard dans un tiroir, le t-shirt et le legging, et oubliai le
soutien-gorge, chose que j'allais regretter plus tard dans la journée.
Quelques
minutes plus tard, j'entendis la sirène des pompiers approcher et je leur
ouvris la porte avant même qu'ils ne frappent. Je les guidai à la chambre ou
mon corps était inerte, immobile. Mon regard fut accroché par le sourire d'un
pompier sportif qui tenta de me rassurer par des paroles que mon cerveau
n'arrivait pas à interpréter. Je sentis mon corps réagir de manière étrange. Je
bafouillais, il me prit par les bras, et me guida vers une chaise.
— Oui ça va
aller. Je vais vous suivre en voiture. Mais pouvez-vous me dire ce qui se passe
? Je ne comprends pas.
Je ne savais
pas comment lui dire ce qui m'arrivait. Il m'aurait pris pour un fou. Je
préférai ne rien dire et il me répondit :
— Je ne sais
pas cela ressemble à un AVC, le médecin du SAMU arrive, il nous en dira plus.
Voulez-vous que je vous tienne compagnie ?
Sur ces mots,
je fus parcouru d'un frisson.
— Pourquoi ?
pensé-je. Pourquoi cela ?
Au même
moment, le médecin arriva et me salua rapidement avant de se diriger dans la
chambre et de commencer à examiner mon corps inerte. Je la regardais faire,
penchée, l'auscultant et posant des questions auxquelles je répondais par des
oui ou des non.
Les pompiers
le déposèrent sur un brancard et me dirent à quel hôpital ils allaient le
conduire.
— Je ne peux
pas vous expliquer, c'est assez étrange, on dirait qu'il dort, mais il ne
réagit pas comme une personne endormie et cela ne ressemble pas à un coma, me
dit la doctoresse qui venait de m'examiner.
— Je vous suis
! dis-je en attrapant mon sac.
Je réalisais
alors que je devais prendre celui de ma compagne. Je fouillai dans son sac à
main pour trouver ses clés de voiture.
Je regardai
les pompiers qui portaient la civière et le médecin partir. L'ambulance
s'éloigna toutes sirènes hurlantes. Je pris une veste et fermai la maison avant
de monter dans la voiture.
Me retrouvant
seul ou seule, je ne savais plus comment me qualifier. J'essayais de faire le
point, respirant profondément.
— Bon alors !
Où en suis-je ?
Mon corps est
parti dans l'ambulance et moi je suis là dans la voiture, dans le corps de
Mireille. Il y a bien quelqu'un qui va pouvoir me renseigner sur ce qui vient
de se passer...
J'attachai ma
ceinture, me tortillant lorsqu'elle me barra la poitrine en deux. Je n'avais
pas réalisé ce problème. Je cherchais la position la moins gênante pour faire
passer la sangle entre ces globes généreux avant de démarrer. En roulant
prudemment, car je n’étais pas habitué à cette vision de la route, je pris le
chemin de l'hôpital. À chaque fois que je ralentissais, je sentais la ceinture
m'écraser les seins et cela en rajoutait à mon exaspération. Heureusement que
le trajet ne durait pas longtemps et quelques minutes après les pompiers, je me
garai sur le parking.
Je sortis de
ma voiture et d'un pas décidé je me dirigeai vers l'accueil des urgences. Il se
produisit alors un phénomène auquel je n'avais pas pensé en m'habillant en
catastrophe : le mouvement autonome et indépendant de cette poitrine. Les
montées et descentes intempestives de cette partie de mon anatomie, que
j'appréciais chez ma compagne, me forçaient à ralentir ma marche. Ce fut un peu
perturbé que je me présentai devant l'hôtesse d'accueil qui me reçut avec un
large sourire qui éclairait son visage entouré d'une magnifique chevelure
rousse.
Je me suis
présenté comme la compagne de la personne conduite par les pompiers il y a peu
de temps, elle m'indiqua alors où le trouver. Je traversai le hall et aperçut
mon corps sur un lit avec des fils reliés à différents appareils qui étaient en
train de mesurer divers paramètres, tandis qu'une infirmière vérifiait je ne
sais quel moniteur. Elle se tourna vers moi et le regard compatissant me
sourit.
— Ah vous êtes
là ? Votre ami est vraiment dans un état étrange, me dit-elle.
Je
m'approchais troublé, et croyant que j'allais défaillir, elle me prit par le
bras pour me guider vers un fauteuil. Ce contact et son parfum me troublèrent
encore plus. Mon esprit masculin ne put rester insensible au charme de cette
femme et du coup, le corps réagit aussi de manière plutôt incongrue pour moi.
Elle m’aida à
m'asseoir et me caressa doucement le bras du revers de la main en me tendant un
verre d’eau. Elle se pencha vers moi, son haut bâillait et je surpris sa
poitrine recouverte de fine dentelle rose pâle. Cette vue, ce contact et cette
odeur capiteuse, envoûtante augmentèrent mon trouble. Un frisson me parcourut
l’échine qui en arrivait presque à me faire bander, mais au lieu de cette
érection si familière, je sentis mon bas-ventre me chatouiller, la sensation
fut pour le moins étrange. Stupéfait, je constatais que c'était un phénomène
totalement différent qui se produisait et instinctivement je resserrai mes
cuisses pour cacher mon trouble. J'espérais que l'infirmière qui se retourna à
ce moment-là ne se rendit pas compte de mon état. Je sentis le rouge me monter
aux joues alors qu'elle me refaisait son sourire enjôleur en me demandant si
j’avais de l’eau en suffisance, ayant bu d’un trait le verre qu’elle m’avait
donné.
Je bafouillai
un oui de convenance alors qu'elle se retournait pour finir de contrôler
l'ensemble des appareils. Je distinguais la trace de ses sous-vêtements bien
visible sous le pantalon blanc moulant ses fesses rebondies. Elle se retourna
pour vérifier mon état et nos regards se croisèrent. J'ai caché ma gêne
derrière un malaise feint. Elle revint vers moi et s'inclinant au-dessus de
moi, je ne pus manquer de voir ce que ne masquait plus son encolure échancrée.
Je relevai la tête et ses yeux plongèrent dans les miens
Comment me
sortir de cette situation ubuesque sans me couvrir de ridicule et sans trahir
la situation dans laquelle j'étais.
Je tentais de
me calmer en respirant profondément, mais cela me mettait de plus en plus mal à
l'aise.
Elle s'écarta
et me tendit alors une petite carte.
— Il faut que
j'aille m'occuper des autres patients dans les autres chambres. Je vois que
quelque chose de grave vous perturbe et ce n'est pas lié à l'état de votre ami.
C'est en vous ! Prenez ma carte et n'hésitez pas à m'appeler. Je pense pouvoir
faire quelque chose pour vous.
Je regardais
le petit bristol et j'en découvris l'intitulé : "Madame Rose — Guérisseuse
Spirituelle", suivi de son numéro de téléphone. Très dubitative, je la
regardais partir en glissant sa carte dans ma poche.
Appuyé au
bout du lit, je restais quelques minutes à fixer ce corps qui semblait endormi
en me demandant comment j'allais pouvoir faire face. Soudain une pensée me
traversa l'esprit.
— Le boulot ! m'exclamé-je.
Je devais
rendre un rapport aujourd'hui. Il est important pour notre activité. Comment
vais-je pouvoir le faire sans me griller.
Même si nous
travaillions ensemble sur les mêmes dossiers, j'allais avoir du mal à justifier
de faire le travail de Clément dans le corps de Mireille.
Je me décidais
à quitter la chambre et en passant dans le hall d'accueil, ma vessie se rappela
à mon bon souvenir.
— Où sont les
toilettes ? demandai-je à un infirmier qui passait par là.
— À votre
gauche, juste après les ascenseurs !
Je le
remerciais, je trouvai la porte et je la poussais. Ce fut arrivée devant les
urinoirs en voulant ouvrir ma braguette que je pris conscience de l'absurdité
de la situation. Heureusement que personne n'était là. Je me dépêchai de sortir
de là avant d'être surprise et j'entrai dans les toilettes des femmes où je pus
me soulager.
Je suis
remonté dans ma voiture et je pris le chemin du bureau en me demandant comment
j'allais pouvoir donner le change.
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