Dans son
fauteuil, le comte regardait le feu crépiter dans la cheminée. Il savait que sa
jeune locataire n'allait pas tarder à tomber dans le piège qu'il refermait
doucement sur elle. Que ce soit au lycée, ou avec son amie, elle était entourée
d'amis qui devraient peu à peu la faire tomber dans la spirale infernale de la
débauche.
Il se
réjouissait aussi que sa vieille ennemie, la directrice du lycée fut retombée
dans ses travers de jeunesse. Il savait par ses petits espions que la fleur de
pandora qu'elle avait respirée, était parvenue à briser la barrière psychique
qu'elle avait eu tant de mal à bâtir autour de ses pulsions. Dans quelques
temps, elle ne serait plus capable de résister et elle serait obligée de
nouveau de quitter la ville si elle ne voulait pas être sujette aux rumeurs qui
allaient bientôt parcourir les cercles bien informés de la cité.
En sirotant le
cognac que sa nouvelle domestique venait de lui apporter, il restait songeur.
Le jeune homme qui était venu prendre Viviane au matin ne lui était pas
inconnu, mais il n'arrivait pas à se souvenir de lui. Cela le contrariait car
cela risquait de venir perturber ses plans. Il ne fallait pas que la jeune
femme tomba amoureuse d'un homme. Il allait devoir en discuter avec Satiricon à
son retour.
— Elsa !
Pouvez-vous venir ici quelques minutes ?
— Oui Monsieur
! Répondit-elle en s'approchant.
Dès qu'elle
fut à portée de main, un sourire pervers aux lèvres, le comte passa sa main
sous la jupe de son employée. Celle-ci frémit, elle savait ce qui allait lui
arriver. Même si elle savait qu'elle ne pouvait pas s'y soustraire et qu'elle
avait accepté cela en s'engageant à servir le professeur.
— Bien, je
vois que vous faites des efforts pour être comme je le souhaite. Je pense que
Satiricon va être content du cadeau que je vais lui faire.
Elle regarda
horrifiée son employeur. Elle avait entendu des rumeurs sur la réalité du
factotum du manoir.
— Vous
êtes-vous assurée que tout est prêt pour la soirée de Samain ?
— Oui Monsieur
! dit-elle tremblante alors que les doigts se faisaient de plus en plus
inquisiteurs. Les invités commencent à répondre. Monsieur le baron de Montparcy
sera bien présent avec un de ses collaborateurs qu'il souhaite vous présenter.
Le professeur
Van Dyck sourit. Son ami lui réservait toujours des surprises agréables. Cette
information accentua son besoin et il demanda à la jeune servante de s'occuper
de lui comme il le lui avait appris. Il savait qu'à force de respirer le pollen
de la pandora, elle avait acquis certaines possibilités.
Il la libéra
enfin et elle sortit de la pièce dépitée. Elle avait encore succombé à la
tentation de satisfaire cet homme malsain, mais elle ne pouvait pas s'en
empêcher.
Il regarda le
dossier qu'elle lui avait apporté avec la liste des personnes présentes. Outre
le baron de Montparcy et lui-même, il savait que Marie qui avait été
recontactée par Satiricon serait là et il était quasiment certain qu'elle
saurait convaincre Viviane d'être présente. Il allait faire envoyer une
invitation à Léonard dont les prouesses avec Madame de Longueville avaient ravi
ses petits voyeurs. Il devait trouver un cinquième homme digne de confiance et
ils fermeraient ainsi le pentagone pour commencer le cérémonial d'appel,
peut-être l'amie du baron.
Il devait
aussi être certains que les cinq femmes qu'il avait prévues seraient au
rendez-vous. Il faisait le pari que la directrice ne pourrait pas résister à
l'appel de la pandora, surtout si son nouvel amant était là, ses deux jeunes
servantes ne pouvaient pas faire autrement. Il lui restait encore une quinzaine
de jours avant les trois nuits de Samain.
Alors qu'il
était toujours à se demander quel serait son dernier invité, son autre protégée
entra dans le petit salon.
— Maître !
Asterias est là !
— Dites-lui
d'entrer Myriam et veuillez nous laisser, je vous prie.
La servante ne
se le fit pas répéter deux fois et quitta la pièce pour aller retrouver Elsa
qui lui avait promis de passer la soirée en sa compagnie. Elle n'entendit donc
pas les éclats de voix qui s'élevèrent dans le salon et le triste sort qui
attendait le démon qu'elle avait introduit.
Elle entra
avec plaisir dans la pièce qu'elle partageait avec Elsa. Celle-ci l'attendait
avec les yeux brillants, elle savait ce que sa compagne avait dû faire quelques
minutes plus tôt et connaissait, elle aussi, la torture du plaisir refusé. D'un
commun accord, même si elles préféraient les hommes, elles avaient décidé de se
rendre service mutuellement. Elles se doutaient que le comte n'était pas dupe
de ce qu'elles faisaient dans leur chambre mais jusqu'à présent ni le compte ni
un de ses démons n'étaient venu les interrompre ou les réprimander.
Les deux
jeunes servantes discutaient tranquillement dans la chambre quand Myriam fut
rappelée. Il ne fallait pas faire attendre le maître. Elle découvrit une femme
à la chevelure écarlate, nue debout face au comte.
— Conduisez-la
à la chambre bleue pour qu'elle y trouve de quoi se vêtir et accomplir la
mission que je lui aie confié… Et vous devrez satisfaire tous ses désirs.
Compris ?
— Oui Monsieur
le comte ! répondit Myriam en se tournant vers la femme. Elle pouvait voir un
pendentif bleu luire entre ses seins. Elle baissa les yeux sous le regard
sévère. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, mais elle était troublée
par cette femme mystérieuse.
— Voulez-vous
bien me suivre, Madame. Elle salua son maître avant de se diriger dans
l'escalier monumental qui montait aux étages.
Keireen
regardait la jeune femme avec appétit. Exilée dans les limbes depuis des
siècles, elle n'avait pas pu satisfaire ses pulsions de chasseresse. Celles-ci
remontaient peu à peu à la surface et ses sens retrouvaient peu à peu leur
acuité. Dans la chambre, Myriam ouvrit les armoires contenant des vêtements
féminins de toute taille et de tous styles.
— Myriam,
n'est-ce pas ?
— Oui Madame.
— Comme je
viens de loin, je ne connais pas vos us et coutumes en manière de vêtements, tu
vas donc les choisir pour moi.
— Oui Madame !
Comme Madame le souhaite !
— Et tu me
prépareras aussi de quoi voyager pour deux semaines.
Keireen estimait
que ce serait le temps dont elle avait besoin pour remplir sa mission et
revenir au manoir. Elle espérait que le comte serait satisfait et qu'il lui
permettrait de rester dans ce monde. Elle se promenait nue dans la chambre,
sachant l'effet que sa nudité provoquait chez la jeune femme. Elle connaissait
bien son maître et elle savait que celui-ci ne choisissait pas ses protégées au
hasard et que s'il lui avait demandé de lui obéir, c'est qu'il avait une bonne
raison de le faire.
— Je vous ai
préparé ces tenues Madame, je pense que cela devrait vous convenir.
— Keireen
observa le choix de Myriam. Effectivement celle-ci avait fait une bonne
sélection, des vêtements pratiques et confortables qui lui donneraient un air
menaçant qui devrait limiter les avances des hommes mais sans la rendre
rebutante. Elle pourrait avoir besoin de plus que sa simple maîtrise des
combats pour arriver à ses fins.
— Merci !
Regarde-moi !
Intimidée,
Myriam releva la tête. La femme la dominait d'une bonne tête. Elle plongea son
regard dans ses yeux et lui prit le menton entre les doigts. Elle approcha ses
lèvres de la bouche de la jeune femme qui n'osa pas reculer.
— Hummmm ! Tu
sembles douce… Tu vas m'aimer.
— Oui Madame…
bafouilla-t-elle. Tout ce que vous voudrez.
Elle espérait
que cette femme apprécierait se qualités mais elle ne savait pas comment le
faire. Elle semblait si étrange. Elle s'appliquait à satisfaire les étranges
demandes de la guerrière quand Satiricon passa devant la porte de la chambre à
son retour de sa mission en ville.
Les deux
femmes étaient allongées l'une en face de l'autre. Elles s'embrassaient avec
fougue.
Délaissant, sa
forme humaine, le démon les rejoignit sur le lit. Il savait qu'il n'aurait pas
besoin de faire appel à son pouvoir de persuasion pour prendre du plaisir avec
elles. Les trois amants s'envolèrent sur les vagues du plaisir et ils les
chevauchèrent longtemps.
Seule la
présence d'esprit de Keireen les fit sortir de cette communion. Elle ne devait
pas s'épuiser psychiquement si elle voulait remplir sa mission.
Elle chassa
Satiricon en lui promettant d'autres nuit à son retour mais garda la jeune
servante dans son lit comme elle avait pris l'habitude de le faire lorsqu'elle
écumait encore les champs de bataille terrestres.
Le jour les
surpris enlacées et Myriam sauta du lit pour aller aider Elsa à la cuisine afin
de préparer le petit-déjeuner du comte et de son invitée. Les démons se
nourrissaient rarement des nourritures humaines, Satiricon était l’un des rares
à y succomber.
Le comte
sourit en remarquant ses poches sous les yeux quand elle apporta les plateaux
dans la salle à manger. Wilhelm Van Dyck et Keireen était chacun à une
extrémité de la table et celui lui exposait les faits. Keireen ne se priva pas
de caresser les fesses de la servante quand celle-ci passa à portée de main.
— Je vois que
tu as fait connaissance avec Myriam.
— Oui et je
vous en remercie, ce fut une nuit bien agréable qui donne envie de partir au
combat.
— Myriam !
Interpella le comte.
— Oui Maître !
— Je désire
que vous accompagnez Keireen à la gare. Son train part en fin de matinée.
— Oui Monsieur
le Comte, je le ferai.
Elle rougit en
croisant le sourire carnassier de la femme qui mangeait et sortit de la pièce.
Elle gardait le souvenir de cette nuit agitée entre ses cuisses. Elle se rendit
au garage pour sortir la vieille Volvo du comte. Elle devait être prête quand
Keireen et le comte en aurait fini. Pendant ce temps, Elsa s'occupait de ranger
la maison.
Keireen arriva
et monta dans la voiture conduite par un démon à forme humaine. En quittant la
propriété, elle vit la Facel Véga qui était venue chercher la locataire du
comte la veille se ranger près du portillon arrière. Son regard croisa celui de
Gérald qui lui sourit comme s'il voulait la rassurer. Elle aperçut furtivement
les deux amants s'embrasser avant que Viviane ne sortit du véhicule. Elle ne
comprenait pas le trouble qui l'avait envahi quand sa passagère l'interpella.
— Tu connais
cet homme ?
— Oh non ! Je
ne l'avais jamais vu, mais il est passé hier pour prendre la jeune prof qui est
locataire du comte…
— Intrigant !
pensa la guerrière. Il faudra que j'en parle au professeur à mon retour. Cela
pourrait perturber le rituel.
Elle ne dit
plus rien jusqu’à la gare et lorsque Myriam lui ouvrit la portière, elle lui
dit "A bientôt" en lui donnant une claque sur les fesses.
— Tu
m'appartiens ma belle, ne l'oublie pas…
— Oui Madame !
répondit la jeune femme en baissant les yeux.
Elle la
regarda s'éloigner et entrer dans la gare, avant de regagner le manoir. Elle
espérait la revoir bientôt.
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