À
des centaines de kilomètres de là ou peut être beaucoup près, Florent se
retrouva devant cette femme resplendissante dont la chevelure rayonnait comme
le soleil. Elle lui tendit la main et elle l'entraîna lentement sous la surface
calme du lac. Au moment où son visage fut recouvert d'eau, il eut un instant de
panique. Il s'apprêtait à prendre sa respiration quand il réalisa qu'il
semblait être entouré par une bulle d'air. La dame du lac lui sourit et
l'invita à la suivre. Sans crainte, rassuré par ce sourire, il avança sur une
allée qui les mena au pied d'une sorte de temple grec.
Une
lumière diffuse semblait provenir de nulle part et éclairait les environs d'une
lueur fantasmagorique. Il aperçut divers animaux qui s’ébattaient sur la
pelouse alentour entre eux et l'orée d'une forêt étrange. Il regarda, curieux,
intrigué, fasciné par ce qu'il découvrait.
À
l'intérieur du bâtiment, la femme se tourna vers lui toujours souriante, la
chevelure étincelante.
—
Savez-vous qui je suis et où vous êtes ?
—
Je suis dans un rêve et vous pourriez être la Dame du Lac des légendes, la fée
Viviane. Mais je sais que je ne dors pas et que je ne rêve pas. Tout ceci est
bien réel.
—
Oui, ceci est réel. Je serai donc Viviane pour vous. C’était en effet l'un des
noms que l'on m'a donnés il y a longtemps.
—
Je suis donc à Avalon ?
—
Oui ! En quelque sorte, mais ce lieu n'existe pas au sens où vous le connaissez.
Oubliez ce que vous savez sur le temps et l'espace.
—
Pourquoi suis-je ici ?
—Vous
êtes ici, car vous avez été choisi depuis longtemps. Vous faites partie des
"Appelés".
—
Des "Appelés" ?
—
Oui ! Les "Appelés" sont des gens qui ont la possibilité par leurs
actions d'infléchir la courbe du Destin.
—
Mais je ne suis qu'un simple trompettiste sans avenir…
—
Connaissez-vous la théorie du papillon en Amazonie ?
—
J'en ai entendu parler, mais je ne vois pas ce que cela vient faire ici…
—
Des actes de la vie courante menés par des inconnus sont parfois plus
importants que l'action d'un Chef d'État.
—
Oui je veux bien le croire, mais j'ai du mal à croire que je puisse infléchir
la marche du monde…
—
Il suffit d'être au bon endroit au bon moment…
Il
la regarda dubitatif.
—
Mais alors, pourquoi m'avoir invité à vous suivre. Il vous suffisait de me
laisser agir, non ?
—
J'aurais pu, oui ! Mais je préfère que vous soyez conscient des actions que
vous allez faire. Ce sera à vous de décider si vous acceptez ce rôle ou si vous
le refusez. Toute action a des conséquences et les vôtres vont influencer
l'avenir des hommes… Mais ne vous inquiétez pas, je vais vous faire découvrir
cela progressivement.
Pendant
qu'elle parlait, Florent vit entrer dans la salle plusieurs jeunes femmes qui
apportaient de la nourriture qu'elles déposèrent sur la grande table de bois
massif.
—
Mes servantes préparent le repas, vous allez pouvoir vous restaurer avant la
nuit. Et Stella vous montrera vos appartements pendant votre séjour ici. Sachez
que vous êtes libre d'aller partout où vous voulez. Je dois vous laisser, car
j'ai d'autres devoirs à remplir, mais je serai avec vous demain matin.
Avant
même qu'il ne puisse dire un mot, Viviane, puisque c'était ainsi qu'il allait
la nommer, se volatilisa. Il se retrouva seul avec une jeune femme aussi blonde
que les blés.
Elle
fait toujours cela aux nouveaux venus, ne vous affolez pas, on en prend
l'habitude. Le plus gênant, ce sont ses apparitions quand on s'y attend le
moins, dit-elle avec un sourire enjôleur.
—
Euh ! Oui ! En effet c'est surprenant !… Florent ! Dit-il en tendant la main.
—
Stella ! Et je crois que nous pouvons nous embrasser, c'est comme cela que vous
faites chez vous. Je suis là pour vous tenir compagnie et vous guider dans le
domaine de la Dame. Je répondrai à toutes vos questions. Mais vous devriez
manger.
Florent
s'installa à table et commença à déguster les mets. Un repas frugal, mais
revigorant. Jamais il n'avait goûté de tels fruits. Voyant son regard, Stella
le renseigna sur la nature des aliments.
—
Ici tout ce que nous mangeons, pousse dans les vergers du domaine. La Dame
veille au bien-être de ses hôtes.
—
Mais qui est-elle ? Et qui êtes-vous ?
—
Pour moi, c'est simple, je suis ce que vous appeliez autrefois une nymphe. Je
vis ici et je me suis rendue parfois dans votre monde près du lac par où vous
êtes arrivé. Pour la Dame, je peux simplement vous dire qu'elle serait comme
une de vos déesses.
—
Je suis fou…
—
Oh non, simplement, vous avez oublié et surtout vous refusez, vous les hommes,
d'accepter qu'il existe un monde à côté du vôtre, dans lequel vous vivez.
—
Soit, je veux bien l'admettre puisque je suis là, mais pourquoi moi ?
—
Elle vous l'a dit, vous êtes un "Appelé", je ne sais pas encore ce
qui va vous arriver, mais c'est sûrement important.
La
jeune femme fit signe à d'autres servantes de venir débarrasser le buffet et
invita Florent à la suivre dans l'escalier monumental. Florent fut abasourdi
par la beauté qui émanait de cette construction et surtout de la sérénité qui y
régnait. Après avoir parcouru un dédale de couloirs, elle entra dans une pièce
qui donnait sur un lac avec une petite île en son centre et des montagnes.
—
Voici vos appartements. J'espère que vous y serez bien. Si vous avez besoin de
quoi que ce soit, appelez et nous viendrons vous apporter ce que vous
souhaitez.
—
Merci ! dit-il en regardant le lit.
—
À votre service ! et elle le quitta en le saluant avec un sourire.
Une
fois seul Florent s'allongea sur le lit sans même retirer ses vêtements. Il fut
rapidement gagné par le sommeil et s'endormit profondément en rêvant à la dame
du lac, et surtout à Camille virevoltant sur son cheval…
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