Quand on retira le
sac-cagoule du visage d’Elodie, elle mit quelques minutes à s’habituer à la
luminosité ambiante et à l’effervescence qui agitait ce campement. Elle était à
genou au milieu d’une grande pièce. Un homme obèse avec un uniforme élimé mais
couverts de décoration trônait sur un fauteuil et surtout portait autour du cou
un énorme pendentif représentant un serpent formant un huit.
— Qui êtes-vous ? Que me
voulez-vous et où est mon mari ?
— Silence femme ! lui dit
l’homme en se levant pesamment de son trône.
Il s’approche d’elle en
soufflant.
— Je suis le Général
N'Gopba … et ici tu n’es rien… Ton mari devrait arriver bientôt…
L’homme tourna autour
d’elle. Il la caressa de sa cravache. Elle le fixa en le défiant. Il la
cravacha sur l’épaule sèchement. Elle poussa un cri et baissa les yeux sous la
douleur. Il la força à relever la tête du plat de la cravache sous le menton.
— Tu as de jolis yeux
bleus… puis il fit descendre la cravache pour dessiner les courbes de sa
poitrine avec. Elle recula en l’insultant.
— Sale porc… Vous n'avez
pas le droit.
Il lui cingla les cuisses
sous le short et lui répondit sèchement.
— Ici ! J’ai tous les
droits, et je ferais ce que je veux avec toi !
Au même instant, un
mouvement de foule secoua l’extérieur de la case et Elodie vit apparaître deux
géants noirs qui portaient son mari inconscient. Ils le jetèrent au pied du
Général. Elle se précipita sur Franck et lui retira le sac. Elle le prit dans
ses bras, en larmes, et remarqua la blessure à son aine.
— Il faut le soigner !
Faites quelque chose, il a perdu beaucoup de sang…
— Pour le moment, vous
êtes mes otages… pour le reste on verra.
— Pourquoi ? dit-elle en
sanglotant...
Sa question resta sans
réponse, car aussitôt, des bandits la tirèrent et la séparèrent de Franck pour
l’enfermer dans une petite case au pied de la falaise. Elle se recroquevilla
dans un coin en larmes attendant de savoir ce que ces brigands allaient
décider.
En fin de journée, une
jeune femme toute aussi apeurée qu’elle vint lui apporter une gamelle avec du
manioc et un peu de viande séchée qu’elle eut du mal à manger et deux soldats
l'emmenèrent dans les latrines du camp pour qu’elle pût se soulager.
Après une nuit ou les
insectes cherchaient à découvrir la partie la plus appétissante de son corps,
elle eut droit à une nouvelle ration de nourriture.
Le Général passa la voir
rapidement sans dire un mot et un peu plus tard, deux hommes déposèrent, sans
ménagement, Franck inconscient dans la case.
Elle eut la force de le
poser sur la paillasse et elle constata avec soulagement que son bandage avait
été changé et même si la blessure n’était pas belle à voir, il ne perdait plus
de sang.
— Que s’est-il passé ?
— Chut ! Mon chéri, ne
parle pas… Repose toi… Dis-moi si tu as soif.
Franck ouvrit les yeux et
sourit en voyant Elodie, puis aussitôt, il replongea dans un sommeil agité.
Elodie passa le reste de
la journée à veiller sur son homme. Régulièrement, la jeune femme qui lui avait
apporté de la nourriture passait la voir mais elle ne parlait aucune langue
commune et seul un dialogue par gestes put s’instaurer.
Rapidement la jeune fille
lui indiqua de quels hommes elle devait se méfier mais quand Elodie commença à
lui parler du Général, aussitôt son visage se figea. Elle baissa le regard et
fit un huit dans l’air. Elle comprit qu’elle n’en apprendrait pas plus sur cet
homme.
Le seul évènement notable
de l’après-midi fut le survol rapide du camp par deux avions à réaction.
Certains tirèrent sur les jets avec leurs fusils mitrailleurs mais Elodie douta
que les pilotes se fussent rendu compte qu’on leur tirait dessus.
Au cours de la nuit,
Elodie un peu rassurée par la présence de Franck à ses côtés prit le temps
d’observer un peu le camp et les alentours. Elle remarqua vite le volcan qui
dominait la région avec son panache de cendres et les hommes qui le regardaient
parfois avec inquiétude.
Les jours suivant
passèrent avec la même monotonie. Elodie commençait à communiquer avec la jeune
femme dont elle apprit qu’elle s’appelait Ketia. Elle réussit à comprendre que
les hommes avaient peur du volcan et surtout du “Grand Serpent” qui se
cacherait dans ses grottes. Elle se souvenait de reportages qu’elle avait vu
sur les volcans de cette région et elle savait que certains libéraient parfois
des gaz toxiques qui pouvaient tuer tous les animaux d’une vallée en quelques
minutes.
— C’est sûrement cela qui
doit faire peur à ces gens. Ils ont en mémoire des catastrophes anciennes,
pensait-elle.
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