mardi 23 juin 2020

Le Voyage de Noces -05- Prisonniers

Quand on retira le sac-cagoule du visage d’Elodie, elle mit quelques minutes à s’habituer à la luminosité ambiante et à l’effervescence qui agitait ce campement. Elle était à genou au milieu d’une grande pièce. Un homme obèse avec un uniforme élimé mais couverts de décoration trônait sur un fauteuil et surtout portait autour du cou un énorme pendentif représentant un serpent formant un huit.

— Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous et où est mon mari ?

— Silence femme ! lui dit l’homme en se levant pesamment de son trône.

Il s’approche d’elle en soufflant.

— Je suis le Général N'Gopba … et ici tu n’es rien… Ton mari devrait arriver bientôt…

L’homme tourna autour d’elle. Il la caressa de sa cravache. Elle le fixa en le défiant. Il la cravacha sur l’épaule sèchement. Elle poussa un cri et baissa les yeux sous la douleur. Il la força à relever la tête du plat de la cravache sous le menton.

— Tu as de jolis yeux bleus… puis il fit descendre la cravache pour dessiner les courbes de sa poitrine avec. Elle recula en l’insultant.

— Sale porc… Vous n'avez pas le droit.

Il lui cingla les cuisses sous le short et lui répondit sèchement.

— Ici ! J’ai tous les droits, et je ferais ce que je veux avec toi !

Au même instant, un mouvement de foule secoua l’extérieur de la case et Elodie vit apparaître deux géants noirs qui portaient son mari inconscient. Ils le jetèrent au pied du Général. Elle se précipita sur Franck et lui retira le sac. Elle le prit dans ses bras, en larmes, et remarqua la blessure à son aine.

— Il faut le soigner ! Faites quelque chose, il a perdu beaucoup de sang…

— Pour le moment, vous êtes mes otages… pour le reste on verra.

— Pourquoi ? dit-elle en sanglotant...

Sa question resta sans réponse, car aussitôt, des bandits la tirèrent et la séparèrent de Franck pour l’enfermer dans une petite case au pied de la falaise. Elle se recroquevilla dans un coin en larmes attendant de savoir ce que ces brigands allaient décider.

En fin de journée, une jeune femme toute aussi apeurée qu’elle vint lui apporter une gamelle avec du manioc et un peu de viande séchée qu’elle eut du mal à manger et deux soldats l'emmenèrent dans les latrines du camp pour qu’elle pût se soulager.

Après une nuit ou les insectes cherchaient à découvrir la partie la plus appétissante de son corps, elle eut droit à une nouvelle ration de nourriture.

Le Général passa la voir rapidement sans dire un mot et un peu plus tard, deux hommes déposèrent, sans ménagement, Franck inconscient dans la case.

Elle eut la force de le poser sur la paillasse et elle constata avec soulagement que son bandage avait été changé et même si la blessure n’était pas belle à voir, il ne perdait plus de sang.

— Que s’est-il passé ?

— Chut ! Mon chéri, ne parle pas… Repose toi… Dis-moi si tu as soif.

Franck ouvrit les yeux et sourit en voyant Elodie, puis aussitôt, il replongea dans un sommeil agité.

Elodie passa le reste de la journée à veiller sur son homme. Régulièrement, la jeune femme qui lui avait apporté de la nourriture passait la voir mais elle ne parlait aucune langue commune et seul un dialogue par gestes put s’instaurer.

Rapidement la jeune fille lui indiqua de quels hommes elle devait se méfier mais quand Elodie commença à lui parler du Général, aussitôt son visage se figea. Elle baissa le regard et fit un huit dans l’air. Elle comprit qu’elle n’en apprendrait pas plus sur cet homme.

Le seul évènement notable de l’après-midi fut le survol rapide du camp par deux avions à réaction. Certains tirèrent sur les jets avec leurs fusils mitrailleurs mais Elodie douta que les pilotes se fussent rendu compte qu’on leur tirait dessus.

Au cours de la nuit, Elodie un peu rassurée par la présence de Franck à ses côtés prit le temps d’observer un peu le camp et les alentours. Elle remarqua vite le volcan qui dominait la région avec son panache de cendres et les hommes qui le regardaient parfois avec inquiétude.

Les jours suivant passèrent avec la même monotonie. Elodie commençait à communiquer avec la jeune femme dont elle apprit qu’elle s’appelait Ketia. Elle réussit à comprendre que les hommes avaient peur du volcan et surtout du “Grand Serpent” qui se cacherait dans ses grottes. Elle se souvenait de reportages qu’elle avait vu sur les volcans de cette région et elle savait que certains libéraient parfois des gaz toxiques qui pouvaient tuer tous les animaux d’une vallée en quelques minutes.

— C’est sûrement cela qui doit faire peur à ces gens. Ils ont en mémoire des catastrophes anciennes, pensait-elle.

Elle essayait de voir si elle arrivait à comprendre l’organisation de ces hommes mais, à part le Général qui régnait d’une poigne de fer sur le camp, pour le reste cela semblait être l’anarchie la plus totale. Elle remarqua aussi rapidement que trois ou quatre hommes et une femme semblaient avoir un semblant d’autorité sur les autres mais ils semblaient rivaux. Quand l’un d’eux donnait un ordre, il était souvent contredit par un autre

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